Grève des enseignants au Togo: quelle solution?
Nous sommes à quelques jours de la célébration de la Pâques. Et la direction du conseil syndical du SET a accepté , au cours d’un entretien, se confier à notre rédaction en deux mots. «Plusieurs établissements qui n’étaient pas engagés avec nous dans ce débrayage, sont maintenant avec nous à 100 %. Nous disons d’ailleurs que le nord a passé la main au sud. Avant c’était plus au nord que la grève était respectée. Aujourd’hui, plusieurs établissements dans le sud du pays ont observé également la grève », a confié à notre rédaction le 13 avril ,Apevi Victor, membre du Conseil syndical du SET qui projette une nouvelle grève dès le 19 avril 2022 à la reprise des cours.
S’il y a un secteur au Togo qui se fait plus entendre en matière de revendications c’est bien celui de l’éducation et ce depuis des années et l’année scolaire 2021- 2022 dresse aussi son histoire. En effet, plus de 140 enseignants, la plupart, des cadres du SET ont été relevés de leurs fonctions par le gouvernement togolais depuis le début du mouvement de grève. Ils ont été mis à la disposition de l’administration publique qui, par la suite, leur a demandé de faire valoir leur droit de retraite. Trois d’entre eux, accusés d’avoir incité les élèves à la révolte, sont d’ailleurs arrêtés et écroués dans la prison civile de Lomé.
« Si nous aussi on nous arrête, demain d’autres vont encore prendre le relais jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites. D’ailleurs, au lieu de nous décourager, ces sanctions nous réconfortent. Nous sommes plus heureux. Pour nous cela veut tout simplement dire que ce que nous réclamons est juste et que nous touchons là où ça fait mal », a précisé Apevi Victor pour qui dès le 19 avril la grève sera davantage suivie.
Le SET qui a engagé ce bras de fer avec le gouvernement togolais depuis un mois, réclame, « une prime mensuelle de logement de 50 000 Fcfa (environ 100 usd) pour tout enseignant sans distinction en conformité avec la réforme de l’enseignement de 1975, et une prime annuelle d’éloignement d’au moins 300 Fcfa/km (0,6 usd environ) ».
Ce syndicat exige aussi l’intégration dans la fonction publique des enseignants volontaires exerçant ou ayant exercé dans un établissement public pendant 3 ans au moins et disposant de qualification professionnelle requise, et une allocation de mutation d’au moins 100 000 Fcfa (soit 200 usd) pour l’interrégional et 60 000 Fcfa (soit 120 usd) pour l’intrarégional.
Une plateforme revendicative que le gouvernement juge illégale, de même que l’existence de ce syndicat.
Le ministre togolais des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’Artisanat, Dodji Kokoroko et son collègue de la Fonction Publique, du Travail et du Dialogue Social, Gilbert Bawara ont déjà annoncé des concours pour recruter de nouveaux enseignants.
Quelle solution réellement pour la fin de la grève ?
Le recrutement de plus d’enseignants est une bonne chose comme le projette le gouvernement. Mais qu’en est-il du cadre de travail, du traitement salarial, et des indemnités réclamées ici et là sans oublier la pénible situation dans laquelle vivent les enseignants volontaires ? Voilà autant de questions qui interpellent et qui forcement doivent trouver des solutions même progressivement.
Le cadre de discussion entre l’administration et les syndicats des enseignants, que le gouvernement se veut permanent doit être davantage inclusif et très réactif pour une meilleure résolution concertée des revendications.
Valentine Bia