Un vaste réseau de braqueurs camerounais dans la nasse de la police à Lomé
La police de concert avec la gendarmerie togolaise a mis la main sur un groupe de malfaiteurs spécialisés dans le vol à main armée de voitures de luxe. Le groupe cueilli par les agents des forces de l’ordre et de la sécurité est constitué de Camerounais, informe-t-on. Selon les informations, tout a commencé à la suite de plusieurs cas de vols de voitures de luxe enregistrés par les unités de Police et de Gendarmerie à Lomé et avec la Brigade de recherche et d’intervention de la Direction générale de la police nationale, au cours d’une enquête, deux Camerounais membres d’un vaste réseau de braqueurs ont été arrêtés.
Le dernier fait ayant donné lieu à leur interpellation remonte au 7 décembre 2023, précisent les mêmes sources.

Selon les sources policières, à cette date du 7 décembre, « un pasteur a reçu 2 individus sur son lieu de prière à Adidogomé Yokoê. Ils lui demandaient avec insistance et moyennant une forte somme d’argent de se déplacer avec son propre véhicule, une Toyota Highlander, afin d’aller prier pour leur frère malade. Le pasteur n’ayant pas cédé, ils sont revenus quelques instants plus tard avec un troisième individu, le présumé malade. Mais au lieu d’une séance de prières, le pasteur et la huitaine de fidèles présents ce soir ont été tenus en respect par ces individus, armés de deux pistolets automatiques. Ils les ont dépouillés de leurs objets de valeur et ont emporté la voiture du pasteur ».
Les 2 Camerounais arrêtés, A. Éric et D. François alias Pasto, respectivement âgés de 46 et 33 ans, ont agi avec la collaboration de 2 autres. Des investigations antérieures menées par la Brigade de Recherche de la Gendarmerie Nationale ont également permis l’arrestation de deux autres ressortissants camerounais. Il s’agit de I. Martial et E. Martial, soupçonnés de tentative de vol à Zanguera. Ces suspects mis à la disposition de la BRI-DGPN, dans le cadre d’une collaboration interservices, se révèleront être les deux complices recherchés par la police.
La prison civile de Lomé où se trouve le cerveau du réseau !
Les déclarations des quatre malfaiteurs éclairent davantage et prouvent que même depuis la prison les brigands continuent de faire opérer leur réseau. En effet, si les deux armes avec lesquelles ils opèrent, ont été également saisies, les quatre gangsters déclarent appartenir à un réseau de voleurs à mains armées dirigé par N. M. Clément Didier, alias Tony Yves détenu à la prison civile de Lomé depuis mai 2020 pour des faits identiques. Depuis donc sa cellule de prison, Clément Didier continue d’orchestrer des crimes en se faisant passer pour le directeur d’une société de vente de voitures au Cameroun, au Bénin et au Togo.

« De leurs déclarations, il ressort que ces quatre individus appartiennent au réseau de voleurs à mains armées, dirigé par le nommé N. M. Clément Didier alias Tony Yves. Bien qu’étant détenu à la prison civile de Lomé depuis mai 2020 pour vol à mains armées de voitures de luxe, N. M. Clément Didier se fait passer pour le Directeur d’une société de vente de voitures au Cameroun, au Bénin et au Togo. Par l’intermédiaire de l’un de ses hommes de main nommé Jojo, il fournit le logement, les armes et les moyens de déplacement à de jeunes délinquants de son quartier à Yaoundé au Cameroun qu’il a fait venir à Lomé en mai 2023 », renseigne la police.
Depuis la prison, souligne les mêmes sources, le cerveau N. M Clément Didier reçoit des commandes de voitures de grosses cylindrées, il envoie les photos de ces voitures à ses hommes présents à Lomé. Ces derniers font tout de sorte que dès qu’ils aperçoivent une voiture correspondante, ils suivent le conducteur pour connaitre ses lieux de fréquentation et surtout pour localiser son domicile. « Généralement, dès que la victime rentre dans son garage, ils font irruption, la tiennent elle, et toutes les personnes présentes en respect, à l’aide des deux pistolets automatiques fournis par N. M. Clément Didier. Pendant que trois de ces malfrats séquestrent les victimes et fouillent leur maison à la recherche d’objets de valeur, l’un se charge d’emporter la voiture pour la remettre à une cinquième personne dont le rôle est de conduire le véhicule volé au Bénin en passant par Afagnan. Quant aux braqueurs, ils séquestrent les victimes pendant plusieurs heures pour permettre à la voiture volée de sortir de Lomé, puis prennent la fuite à l’aide de leurs motos. Les voitures volées sont revendues au Cameroun ou au Nigeria », informe-t-on.
Ali Legrand