Sur fond de réconciliation des communautés avec la mer, les grands travaux de protection de la côte transfrontalière Togo-Bénin lancés
« Réconcilier » les communautés riveraines avec la mer, permettre à ces communautés et aux populations en général de retrouver la jouissance des ressources que leur apportait la mer. C’est en substance, l’objectif visé par les travaux de protection du segment de côte transfrontalier Togo-Bénin, travaux dont la cérémonie de lancement a été présidée jeudi 03 novembre 2022 à Anèho (environ 50 km de Lomé et chef-lieu de la préfecture des Lacs et Ville frontalière au à la République du Bénin) par le Premier ministre togolais, Victoire Tomégah-Dogbé en présence d’une importante délégation béninoise et d’autres personnalités togolaises ainsi que des partenaires techniques et financiers.
Contenu des travaux
Selon Christian Esser, du bureau de contrôle INROS-LACKNER, il s’agira notamment de la construction de 7 épis enrochements, et du rechargement en sable de casiers délimités par les épis pour la zone d’Agbodrafo.
A Aného, les travaux consisteront en la réhabilitation et l’allongement de 10 de six épis existants, construits en 2021 dans le cadre d’un projet de protection côtière financé par l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Par ailleurs, il y aura le rechargement en sable des casiers délimités par les épis réhabilités, de la réhabilitation et du prolongement de 200 m du brise-lames existant à Aného et la mise en place d’une digue de sable de mer de 700 m pour lutter contre les submersions marines.
A la frontière pratiquement Togo-Bénin, Hillacondji, il est prévu la construction de huit épis, le rechargement en sable des casiers démolis par les épis, le comblement des bras lagunaires en arrière de la dune côtière, la construction des infrastructures récréotouristiques.
Pour Agoué au Bénin, il s’agit du rechargement massif en sable à partir du nouvel épi en direction de l’est sur une largeur d’environ 200 m et une longueur d’environ 4 km, pour 6,4 millions de mètres cubes.
L’ensemble des grands travaux devrait durer 19 mois pour être bouclé en milieu 2023, et bénéficier directement à 200 000 personnes qui vivent le long du littoral, renseigne-t-on sur les prévisions.
Espérance en un meilleur avenir
Confiance à un meilleur avenir des zones côtières, espoir d’un mieux-être grâce aux ressources de la mer, entre autres, les attentes des populations et des Etats et partenaires sont énormes. Selon les informations, les populations du littoral sont désormais confiantes car les travaux d’enrochement vont techniquement permettre l’engraissement artificiel de la plage qui augmentera sa capacité à protéger la côte, en absorbant l’énergie des vagues. « L’aboutissement heureux de ces travaux sera le gage du renforcement durable de la résilience socioéconomique de la zone du littoral et de la préservation de ses écosystèmes associés », a déclaré dans son mot de circonstance, Têvi Bénissan, Préfet des Lacs. Menés par le Néerlandais Boskalis BV, ces travaux doivent réconcilier les communautés riveraines avec la mer, selon Alexis Aquéréburu, maire de la commune Lacs 1, en protégeant de l’érosion le segment de côte transfrontalier allant d’Agbodrafo au Togo à Grand Popo au Bénin.
Un espoir entièrement partagé par le Représentant résident de la Banque mondiale au Togo, Fily Sissoko. « Les travaux d’investissements que nous lançons vont permettre aux populations de retrouver la jouissance des ressources que leur apportait la mer et qui constituaient leur principale source de revenus », a-t-il souligné.
Pour le ministre de l’environnement et des ressources forestières du Togo, Foli-Bazi Katari présent lors de cette cérémonie ainsi que son homologue du Bénin José Tonato en charge du cadre de vie, il est temps que les côtes togolaises et béninoises ainsi que les populations des deux pays soient mieux protégées. « Dépuis plusieurs décennies, ce phénomène d’érosion côtière qui hypothèque dangéreusement les activités et le cadre de vie de nos populations côtières, impacte négativement nos économies nationales. C’est pour protéger aussi bien nos côtes que nos populations que nos deux pays ont mis conjointement en œuvre le projet Waca dont le début des grands travaux de protection côtière fait l’objet de la présente cérémonie de lancement », a clarifié Foli-Bazi Katari.
Selon les mêmes sources, l’ensemble des travaux vont coûter aux deux pays 63 489 196,37 Euros TTC soit 41 646 182 8OOF CFA dont 12 497 175 5OO FCFA pour le Togo et 29 149 007300FCFA pour le Bénin et seront exécutés sur une durée de 19 mois.
Le projet WACA ResIP, faut-il le rappeler, est déployé dans six pays d’Afrique de l’Ouest que sont Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sao Tomé et Principe, Sénégal. Il est financé par la Banque mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Ali Legrand