Condamnation d’un ancien ministre de la Défense au Cameroun
Yaoundé et Lomé pourront être comparées quelle que soit la méthode de gouvernance dans les deux pays (Cameroun capitale Youndé et Togo capitale Lomé). L’ancien ministre de la défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, poids lourd incontesté du régime de Paul Bia au Cameroun est désormais condamné à trente (20) ans de prison.
Selon les informations, Edgar Alain Mebe Ngo’o qui fut aussi directeur du cabinet civil du président Paul Biya qui déjà était en prison depuis près de 4 ans, a été jugé et condamné dans la nuit de mardi 31 janvier au mercredi 1er février 2023 autour de minuit. Cet homme politique, Edgar Alain Mebe Ngo’o et son épouse ont été condamnés par le Tribunal criminel spécial chargé des questions de détournement de fonds publics au Cameroun.
Comme chefs d’accusation
Mebe Ngo’o a été reconnu coupable du détournement de plus de 23 milliards de francs CFA. De l’argent détourné selon le Tribunal criminel spécial à travers des surfacturations dans le cadre de marchés publics considérés comme fictifs.
L’ancien cacique est également reconnu coupable de corruption, de prise d’intérêt et de blanchiment de capitaux. Son épouse, Bernadette Mebe Ngo’o, elle aussi détenue à la prison centrale de Kondengui depuis mars 2019, a été condamnée à 10 ans de prison pour le détournement de 310 millions de francs.
L’avocate du couple, Pauline Noël Koe Amougou déclare avoir immédiatement formé un pourvoi contre l’arrêt du TCS. « Notre sentiment, comme nous l’avons dit : il s’agit de l’instrumentalisation de la justice, malheureusement qui a cours chez nous, une justice aux ordres, nous allons aller à la Cour suprême, bien qu’on ne se fasse pas d’illusions, mais on va y aller quand même, pour continuer à décrier les différentes violations des droits de la défense comme ça a été depuis l’entame de cette procédure. »
Délais de procédure abusifs, selon la défense du couple Mebe Ngo’o, qui affirme que matériellement et juridiquement, il n’y a pas eu détournements de fonds, et que cette condamnation est une décision politique, un règlement de comptes entre « camarades d’hier ».
Dans ce dossier, le Tribunal criminel spécial a également condamné un officier supérieur (le lieutenant-colonel Mboutou) et un ancien conseiller technique au ministère de la Défense (Maxime Mbangue) à 25 ans de prison, ainsi que (Victor Menye) l’ex-directeur général adjoint de la banque SCB, à 9 ans de détention.
Guerre de clans au pouvoir, des sommets de l’État à la descente aux enfers
Edgar Alain Mebe Ngo’o en est intimement persuadé, il est une victime de luttes de pouvoir qui se jouent à Yaoundé dans l’ombre du président Paul Biya, selon le confrère rfi. Aujourd’hui âgé de 66 ans, il aura, après une carrière dans la Préfectorale, passé le tiers de sa vie à de hautes fonctions, proche, voire très proche du président de la République.
D’abord comme directeur du cabinet civil pendant 7 temps, ensuite et respectivement comme patron de la police et le ministre de la Défense. C’est dans ce ministère qu’il va se construire, aux yeux de l’opinion, la stature de potentiel dauphin du président Biya. En privé, Edgar Alain Mebe Ngo’o s’en défend, clamant invariablement sa fidélité et sa loyauté à celui qu’il considère comme son père. Mais rien n’y fait. Il est perçu comme concentrant trop de pouvoir et d’influence pour ne pas y songer, même secrètement.
Mais c’est là aussi qu’il se fait une foule d’ennemis au sein même du sérail, lorsque finalement, il est sorti du gouvernement en 2018, beaucoup s’étonnent de cette infortune, mais peu se doutent que vient de commencer pour lui une véritable descente aux enfers. Le principal concerné se savait cependant lui-même dans le viseur de ses adversaires. Comme il l’a confié au tribunal, il avait notamment dit qu’un de ses anciens collègues toujours aux affaires avaient juré sa perte.
Une comparaison possible avec le cas Kpatcha Gnassingbé au Togo
Kpatcha Gnassingbé a été condamné en septembre 2011 à 20 ans de prison ferme à Lomé. Egalement ancien ministre de la défense, un des plus proches à son temps du Président Faure Gnassingbé avec qui il est demi-frère, Kptacha Gnassingbé accusé d’avoir mené une tentative de coup d’Etat en avril 2009 était aussi en détention pendant des années avant sa condamnation. Il était également un influent député à l’assemblée nationale à l’époque des faits.
Ces arrestations et condamnations de hautes personnalités prouvent d’une manière ou d’une autre que du sommet de l’Etat l’on peut se retrouver en enfer.